Les principales fêtes juives

Pessa’h

« Ma Nichtana »

(Journal n°68 avril 2022) 

MA NICHTANA 2Lorsque nous sommes< tous assis le soir de Pessah, à la table du Seder  nous entonnons le chant du Ma Nichtana, En quoi cette nuit est différente des autres nuits : « les 4 questions ». Selon la coutume des ‘Hassidim, la première question posée est : «Toutes les autres nuits, nous ne trempons pas… »

Une chose nous surprend. En effet, l’enfant est censé poser des questions sur ce qui est de nature à l’étonner. Or, le trempage (dans l’eau salée et dans le ‘harosseth) n’est ni le plus important, ni le premier des actes inhabituels dont l’enfant est témoin pendant le Seder. Si l’on considère les actes par ordre d’importance, les questions devraient porter tout d’abord sur la Matsa (qui est une Mitzva biblique), puis sur le Maror (qui de nos jours est d’institution rabbinique), ensuite sur l’accoudement (qui dénote la liberté) et enfin sur le trempage, qui n’est qu’une coutume.

Si, d’autre part, on s’en tient à la chronologie des actes, tels que l’enfant les voit se dérouler, la question sur le trempage devrait être mentionnée après l’accoudement, puisqu’on s’accoude déjà lors du Kidouch, qui a lieu en première étape du Seder, avant de procéder au premier trempage.

Certains estiment que les lois instituées par la Torah, et par les Sages, exigent d’être observées avec dévouement, et parfois même abnégation. En revanche, ils considèrent que les coutumes juives ne doivent être prises en compte que dans la mesure où leur observance ne présente pas de difficultés et que, dans le cas contraire, on peut en faire abstraction.

On peut aller plus loin dans cette idée. Lorsqu’on enseigne aux enfants la Torah, dont l’entière observance est déjà difficile, on pourrait les laisser ignorer les coutumes, afin de mettre l’accent sur des points plus fondamentaux. C’est précisément une telle optique que vient récuser le « Ma Nichtana ». Car ce que l’enfant remarque le plus, ce n’est ni une loi biblique, ni une ordonnance rabbinique, mais une coutume. C’est en effet elle qui est la plus susceptible de l’inciter à poser des questions.

Si l’enfant vit dans un environnement qui n’est pas imprégné de Judaïsme et s’apparente par certains côtés, à l’environnement non-juif, cela aura pour conséquence que rien ne dénotera chez l’enfant son appartenance au peuple juif, et ceci bien qu’il étudie la Torah et pratique les Mitzvot. Ceci sera dû au fait que la réelle sainteté, qu’un environnement pénétré de Torah confère à la pratique des Mitzvot, sera ici absente. D’autant qu’avec le temps, une carence en un domaine aussi fondamental peut entraîner (à D.ieu ne plaise) des défaillances dans la pratique proprement dite des Mitzvot. De surcroit, les coutumes étant elles-mêmes partie intégrante de la Torah, il ne nous est pas permis de chercher à évaluer l’importance relative des Mitzvot, ainsi qu’il est dit : «Le chemin de la vie, ne le suppute pas. »

En conséquence, on ne saurait transiger sur rien, dès lors qu’il s’agit d’éduquer l’enfant juif à qui il convient de donner conscience du fait qu’étant juif, il est différent. Cela ne peut se faire qu’en lui enseignant à se comporter selon les coutumes juives, car ce sont elles qui caractérisent son identité juive et qui lui inspirent le sentiment d’appartenir au peuple que D.ieu a « approché à Son culte ». C’est ainsi que nos Sages affirment : « L’environnement de la Torah est plus important que l’étude ».

L.S

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