Guerre HAMAS-ISRAEL

Lettre aux otages du 7 octobre

7 Octobre 2023, jour de Simhat Torah : un jour qui nous a glacé le cœur. En moins de 24 heures, le crime le plus abominable commis sur des juifs depuis la Shoah. Plus d’un millier de morts, des milliers de blessés, et vous, qui étiez 250 kidnappés, civils innocents, que des barbares armés et masqués du Hamas sont venus arracher à vos familles, à vos amis, à vos maisons, pour vous emmener, captifs à Gaza, qui sur des mobylettes, qui dans des camionnettes. Ce jour-là, vous êtes entrés dans nos cœurs et dans nos vies pour n’en plus sortir. Israéliens en majorité, mais beaucoup d’autres originaires de différents pays, 20 nationalités au total. Nombreux étaient des festivaliers à Nova, près de Réïm, amateurs de musique et de danse, venus là pour faire la fête. D’autres étaient des habitants des kibboutz frontaliers avec Gaza, Be’eri,  Kfar Aza, Mefalsim, Nir Oz, la plupart militants pour une paix avec les Palestiniens, que vous aidiez au quotidien et qui venaient travailler chez vous. D’autres étaient des travailleurs thaïlandais, des Arabes israéliens, des rescapés de la Shoah. Vous étiez des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et moins jeunes : le plus âgé, Shlomo Mansour, âgé de 85 ans, le plus jeune, cher petit Kfir Bibas, âgé de 9 mois lors de ton enlèvement, toi qui as fêté ton premier anniversaire dans un tunnel du Hamas.

 Vous avez été emportés comme du bétail par des sauvages ivres de haine et vos yeux n’ont pas été épargnés des visions des crimes odieux commis devant vous. Vous n’êtes pas des prisonniers de guerre ordinaires, mais les victimes d’une « razzia », comme l’explique Gilles Kepel dans son livre Holocaustes, et ce avec un déploiement de cruauté inouïe. Vous êtes des otages, c’est-à-dire une monnaie d’échange, une carte maîtresse dans le jeu du Hamas. Voilà plus d’un an que cette situation perdure. Beaucoup d’entre vous sont morts déjà et sur ceux qui sont encore en vie, on ne sait Rien !! combien êtes-vous ? Comment survivez-vous ? Êtes-vous soignés ? Autant de questions sans réponse, car aucune des démarches faites auprès de la Croix Rouge n’a abouti. Ceux qui sont revenus l’ont dit : ils ont vu l’enfer. Certains parviennent à se reconstruire, mais hélas, d’autres non : on a compté des suicides. Les négociations entamées depuis le début avec le Hamas pour votre libération par l’intermédiaire de plusieurs pays, entre autres l’Egypte et le Qatar piétinent, en dépit des manifestations, des rassemblements qui se déroulent régulièrement et partout.

 Toutes sortes d’actions sont menées pour faire entendre votre voix et celle de vos familles, pour éviter que l’on vous oublie. Le gouvernement israélien affirme toujours que votre libération est l’un des deux objectifs de l’offensive lancée à Gaza. A nos tables de fêtes, des places vides vous sont réservées pour marquer votre présence-absence. Dans nos synagogues, des prières spéciales vous sont dédiées lors des offices. Les murs des villes, des rues sont tapissés d’affiches avec vos portraits, vos noms, vos âges, votre pays d’origine, des rubans jaunes ont décoré les arbres et les statues. A Jérusalem, à Tel Aviv, place des Otages (kikar Hatoufim ), des milliers de manifestants se pressent tous les samedis avec vos familles pour exiger du gouvernement plus d’efficacité. En France, une foule de mouvements spontanés de bénévoles ont jailli pour mobiliser toutes les bonnes volontés, pour alerter une opinion oublieuse : Le collectif Nous vivrons qui porte une voix juive républicaine est à l’origine de nombreuses actions ; le collectif 7 octobre qui réunit plus de 4000 bénévoles, juifs et non-juifs, est un mouvement apolitique et citoyen. Ils ont édité 150 000 affiches qu’ils mettent à jour régulièrement pour effectuer des collages, des bâches, ils ont édité l’histoire de chacun de vous, relayée sur les réseaux sociaux. Ils sont en lien permanent avec vos familles. Bring them home now est un mouvement d’artistes israéliens. Et beaucoup d’autres encore : Ensemble, Bracelets jaunes, Actions Avocats. Des dizaines d’événements témoignent de notre refus de voir votre cause disparaître, oubliée volontairement ou pas, dans le flot continu des secousses du monde. Des personnalités du monde politique, artistique, littéraire, journalistique s’expriment : Manuel Vals, Johann Sfar, Bernard-Henri Lévy, Mohamed Sifaoui, Philippe Torreton, Philippe Val, Arthur, Eric Nolleau, Yan Moix, Sophie Aram ont crié leur indignation face à ce massacre, et témoigné leur empathie vis à vis des otages et des Juifs. A Paris, la place du Trocadéro est devenue notre place des Otages : on y a chanté, dansé. Le 7 février 2024 aux Invalides, le 8 mars pour la Journée des droits de la Femme, marquée par le rejet des représentantes israéliennes par une foule hostile ; le 28 mars devant la Comédie-Française ; à Deauville où se sont déroulées 2 courses à pied ; et très modestement, mais très fidèlement à Versailles, où tous les dimanches matin nous nous réunissons, juifs et non juifs, à l’initiative de Muriel Veslic, conseillère municipale à Versailles membre de l’Aciv, si énergique, volontaire et déterminée, pour brandir vos portraits et chanter.  Nous sommes là pour rappeler au monde que vous êtes toujours captifs, alors qu’une vague d’antisémitisme mondiale s’abat sur toutes les communautés juives sous couvert d’antisionisme, et veut ignorer même jusqu’à votre existence. Vous devez être rendus à vos familles avant qu’il ne soit trop tard. Quel est le bilan aujourd’hui ? Il y a eu 124 libérations : 4 avant la trêve de novembre 2023, dont deux femmes âgées ; le 31 octobre une soldate est secourue par Tsahal et le Shin Beth ; lors d’un échange fin novembre contre des prisonniers palestiniens, 24 étrangers et 81 israéliens sont libérés. Trois, hélas ont été tués par erreur, six autres assassinés à bout portant ; 11 corps ont pu être récupérés par l’armée ; deux hommes secourus à Rafah le 12 décembre 2023 lors de l’opération Main d’Or, réussie grâce au travail du renseignement. Deux Français sont toujours retenus. Que deviennent aujourd’hui les négociations, alors que la guerre fait rage de tous côtés, avec un ennemi exigeant et cruel qui envoie des vidéos d’otages afin d’augmenter la pression sur le gouvernement israélien pour obtenir un arrêt des combats et un retrait total de Gaza. Vous devez garder espoir, nous devons poursuivre notre lutte jusqu’à ce que le dernier d’entre vous soit rentré.

                                                                                                                      Adeline Sidoroff

 

 

 

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